sábado, 8 de junio de 2019

La peor traducción es la que no se hace


Aún a riesgo de llevarme una reprimenda por parte de Baltasar GM, comentarista y amigo de este blog, voy a traducir los apuntes del escritor francés Christian Bobin que él mismo seleccionó hace unos días. Porque la peor traducción es la que no se hace.


- Celui qui est sans argent manque de tout. Celui qui est sans lecture manque du manque.

Al pobre le falta todo. Al que no lee le falta aún más.

- À quoi ça sert de lire. À rien ou presque. C'est comme aimer, comme jouer. C'est comme prier. Les livres sont des chapelets d'encre noire, chaque grain roulant entre les doigts, mot après mot. Et c'est quoi, au juste, prier. C'est faire silence. C'est s'éloigner de soi dans le silence.

De qué sirve leer. De nada o casi nada. Es como amar, como jugar. Los libros son rosarios de tinta negra. Cada cuenta se desliza entre los dedos, palabra tras palabra. Y qué otra cosa es rezar. Es hacer el silencio. Es alejarse de sí mismo en el silencio.

- Il n'y a pas de connaissance en dehors de l'amour. Il n'y a dans l'amour que de l'inconnaissable.

No hay conocimiento fuera del amor. No hay en el amor más que lo desconocido.

- Les enfants sont comme les marins: où que se portent leurs yeux, partout c'est l'immense.

Los niños son como los marinos: allá donde miran está la inmensidad.

- Nous ne sommes faits que de ceux que nous aimons.

Estamos hechos de los que amamos.


- Les hommes tiennent le monde. Les mères tiennent l'éternel qui tient le monde et les hommes.

Los hombres tienen el mundo. Las madres tienen lo eterno que sostiene al mundo y a los hombres.

- Il est bon pour un enfant d'avoir ses deux parents, chacun le protégeant de l'autre: le père pour le garder d'une mère trop dévorante, la mère pour le garder d'un père trop souverain.

Es bueno para un niño tener a sus dos padres, cada uno protegiéndole del otro: el padre, de una madre acaparadora; la madre, de un padre autoritario.

- Ce qui est impossible à comprendre est tellement simple à vivre.

Lo que es imposible de comprender es sencillo de vivir.

- Entre moi et le monde, une vitre. Écrire est une façon de la traverser sans la briser.

Entre el mundo y yo hay un cristal. Escribir es una forma de atravesarlo sin romperlo.

- Dieu descend à terre aussi naturellement que la musique de Mozart monte au ciel, mais il nous manque l'oreille pour l'entendre.

Dios desciende a la tierra tan naturalmente como la música de Mozart sube al cielo, pero nos falta oído para escucharlo.

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